EDITO

Une nouvelle revue naît. Pour quoi faire ? La revue bleue entend d'abord conjoindre ce que l'on disjoint d'ordinaire. Mêler à des voix « reconnues », mûres, que nous aimons, les voix d'auteurs inconnus,« représentants des cultures urbaines ». Sans exclusive. Donner la parole à ceux qui peinent à se faire entendre, mais aussi faire se répondre les rives d'une même création, les dissonances qui naissent de ces rencontres, en privilégiant les textes à quatre mains, les regards croisés, en invitant au partage des richesses de chaque individualité. Peut-être de ce concert se dessinera-t-il une oeuvre commune, portée par des voix multiples. La revue bleue cherche à se construire un espace. Chaque voix y serait le lieu-même d'où elle parle, faisant fi de tous les déterminismes, s'ancrant dans sa parole pour mieux accueillir celle des autres. Un espace choisi, qui se jouerait de tous les péripheriques, où qu'ils séparent, et déjouerait paisiblement les frontières. Un tel projet n'a de bon qu'utopique, et l'on demeurera toujours en deçà de ce que l'on veut atteindre. L'on tentera pourtant, toujours, de se mieux rester fidèle, en nous interrogeant. Interroger les notions de banlieue et de centre, d'oeuvre et de genre, de revue aussi bien. Que peut être une revue aujourd'hui, et que peut-elle ? Notre réflexion ira s'approffondissant, et l'horizon de la revue bleue s'élargira à chaque livraison, pour accueillir des voix venues d'ailleurs, de l'étranger, et leur consacrer une place qui portera le dialogue à son plus extrême point de fuite, déplaçant à chaque fois notre centre de gravité, pou le regarder se déployer hors de nos murs. Comment sera accueillie telle ambition ? Des encouragements, nombreux, nous indiquent que l'expérience n'est pas vaine. Nous songeons en particulier aux mots de Julien Gracq ou d'Yves Bonnefoy, au soutien et aux conseils de Michel Deguy, Jacques Roubaud, Michel Chaillou et Pierre Bergounioux, à ceux qui nous ont si chaleureusement accompagnés depuis le début de cette aventure, Tiphaine Samoyault, Claude Mouchard, Hélène Appia, Alexandre Zotos... et à d'autres qui se reconnaîtront ici. Que tous soient remerciés pour leur indulgence bienveillance, celle même que nous espérons de la part de nos lecteurs. Enfin, signalons la présence de bleue dans le Monde des Livres, Le Libé des Livres, Nova Magazine et dernièrement dans Le Matricule des Anges et La Quinzaine littéraire, ce qui est un indice d'encouragement.. La revue bleue n'est pas, ne sera jamais aboutie. Elle se prépare à une découverte au long cours, à la recherche nonchalante de ces sentiers buissonniers qui, déjà, rattrapent le siècle. abderahman el yousfi