STATUE
à André Pieyre de Mandiargues
Prostituée ocellée sur les flancs, une grive
suspecte sur le dos de la main gauche osseuse sous le mica, la statue,
privée de l'avant-goût d'une saignée, rôde
à la merci d'une affre théâtrale.
Même coloriée de s'être traînée
dans le fossé des étamines de l'éclipse, même
aspergée pour la consolation, sur un velours de louves immolées,
la statue suspectée n'entraîne l'isolé qu'au pont-levis
du temps imparfait.
DU COTE DU FEU
Tous les fuégiens à chignon de midi, fronde décidée
aux blessures du rêve, maillets droit devant eux, se mutinent
face à la porte pleine entourée de ciel, de tocsin, de
vie terrestre, bivouac menaçant.
Leur incombe, petite serviette couleur flamme au bras, de conjoindre
tous les doigts au moment des pincements au coeur.
Sur la menthe de la falaise élue, sous les averses faisant damier,
pas de siège.
Compte de disqualifier les journaliers sans heure en demi-lune, sans
demi-lune dans l'âme, avec un sac à la place d'une arme,
sans un sac donnant lueur à l'hiver, sans lueur devant la chair,
sans chair devenue éventail.
Ô témérité !...
Génuflexion des fuégiens, qui tâtonnent peu, avant
de revenir à la porte pleine. Destruction instantanée,
illisible.
Feu de terre et terre savante.
MAJUSCULE
Fabricante de mains en marbre qui ne met pas les plaies au hasard, magicienne
au sommeil culminant les éponges pour tomber à la renverse,
passionnée de la franchise abandonnée ou presque dernière,
majuscule devant l'eau consolée, miroitière aux fractures
de pluviôse, flâneuse d'une plaine envahie de hérissons
changés la nuit en violons, magicienne se connaissant à
la clandestinité des cascades et travestissant le braconnier
en garde-malade, momie porteuse d'encre aux ongles vers le ciel, Elle
commue au kiosque des compagnons de demi-mort les peines misées,
dérègle les reversoirs de climats vassaux, contre-marie
les clandestins d'une plaine envahie de violons changés le jour
en hérissons...
CIBLE
Rayé, Homme s'appuie, vers la civière en forêt que
désigne la flèche peinte en rouge de kermès, contre
un pistil bien soir, à gauche de l'arc et du poing sans hommage.
Buste joué, retranché des arbres, Femme s'appuie, à
l'écoute des arrêts de dépouille surprise répétant
la grive, contre un même pistil bien soir, plus équarri,
à gauche de l'arc et du poing. Laide timidement, par son apparence
naine sylvestre rouée entre Homme et Femme sur le lait
grivelé de la cible, rondeurs qui penchent vers le clou central,
sans musique , Enfant guette la flèche huante que périmera
le tir, à gauche de l'arc et du poing.
Entre, encore sentant la cascade, arbres insaisis et Homme, Femme,
Enfant (rayé, à l'écoute, rouée), bois qui
paralyse, la cible désarme la ligne venue des doigts grimace
lors de son recul.