Edito L'Ours
Abonnement-Commande
Où trouver bleue
Nous contacter
SOMMAIRES
SOMMAIRE n° 4
BLEUE

 

jeanpyer pöels, poèmes

 

 

STATUE


à André Pieyre de Mandiargues

Prostituée ocellée sur les flancs, une grive suspecte sur le dos de la main gauche osseuse sous le mica, la statue, privée de l'avant-goût d'une saignée, rôde à la merci d'une affre théâtrale.

Même coloriée de s'être traînée dans le fossé des étamines de l'éclipse, même aspergée pour la consolation, sur un velours de louves immolées, la statue suspectée n'entraîne l'isolé qu'au pont-levis du temps imparfait.

 

DU COTE DU FEU


Tous les fuégiens à chignon de midi, fronde décidée aux blessures du rêve, maillets droit devant eux, se mutinent face à la porte pleine entourée de ciel, de tocsin, de vie terrestre, bivouac menaçant.
Leur incombe, petite serviette couleur flamme au bras, de conjoindre tous les doigts au moment des pincements au coeur.
Sur la menthe de la falaise élue, sous les averses faisant damier, pas de siège.
Compte de disqualifier les journaliers sans heure en demi-lune, sans demi-lune dans l'âme, avec un sac à la place d'une arme, sans un sac donnant lueur à l'hiver, sans lueur devant la chair, sans chair devenue éventail.
Ô témérité !...

Génuflexion des fuégiens, qui tâtonnent peu, avant de revenir à la porte pleine. Destruction instantanée, illisible.
Feu de terre et terre savante.


MAJUSCULE


Fabricante de mains en marbre qui ne met pas les plaies au hasard, magicienne au sommeil culminant les éponges pour tomber à la renverse, passionnée de la franchise abandonnée ou presque dernière, majuscule devant l'eau consolée, miroitière aux fractures de pluviôse, flâneuse d'une plaine envahie de hérissons changés la nuit en violons, magicienne se connaissant à la clandestinité des cascades et travestissant le braconnier en garde-malade, momie porteuse d'encre aux ongles vers le ciel, Elle commue au kiosque des compagnons de demi-mort les peines misées, dérègle les reversoirs de climats vassaux, contre-marie les clandestins d'une plaine envahie de violons changés le jour en hérissons...

 

CIBLE


Rayé, Homme s'appuie, vers la civière en forêt que désigne la flèche peinte en rouge de kermès, contre un pistil bien soir, à gauche de l'arc et du poing sans hommage.
Buste joué, retranché des arbres, Femme s'appuie, à l'écoute des arrêts de dépouille surprise répétant la grive, contre un même pistil bien soir, plus équarri, à gauche de l'arc et du poing. Laide timidement, par son apparence naine sylvestre rouée entre Homme et Femme — sur le lait grivelé de la cible, rondeurs qui penchent vers le clou central, sans musique —, Enfant guette la flèche huante que périmera le tir, à gauche de l'arc et du poing.

Entre, encore sentant la cascade, arbres insaisis et Homme, Femme, Enfant (rayé, à l'écoute, rouée), bois qui paralyse, la cible désarme la ligne venue des doigts — grimace lors de son recul.